La mastectomie (18/08/2010)

Le 17 août, après avoir fait le repérage des ganglions, je vais faire un tour dans les magasins avec mon mari. Je n'ai pas le moral, et je suis persuadée qu'après l'intervention qui va me mutiler, je ne pourrai plus m'habiller avec mes fringues actuelles... Alors, je décide d'aller acheter des vêtements, qui cacheront la misère. Mon mari est avec moi, mais il n'est pas du tout d'accord avec mon point de vue. J'achète un pull ras du cou ( habituellement je mets plutôt des pulls décolletés) et un T-shirt un peu montant aussi...
Le temps passe et nous arrivons à la clinique avant 17 heures. Quelques formalités d'entrée remplies, et je me retrouve dans ma chambre avec mon homme, un peu désemparée... Voilà, j'y suis, demain je serai différente. J'ai peur, je pleure beaucoup, je ne sais pas si je vais y arriver. Mon mari reste avec moi tard dans la soirée. Heureusement qu'il est là. Je suis sûre d'une chose, sans mes enfants, mon mari, ma famille, j'aurais refusé les traitements, je serais partie en voyage et j'aurais  laissé faire le temps...
A 23 heures, une aide soignante qui me trouve bien démoralisée, vient me parler, elle me réconforte et m'apporte une tisane. Après son départ, j'éteins et je finis par m'endormir.
Réveil aux aurores le matin du 18, pas de déjeuner bien sûr, mais une douche à reprendre avec un savon antiseptique et une blouse d'opération à enfiler... Je suis prête très tôt, mais hélas, le chirurgien ne commence pas par moi. Il va falloir attendre, ce sera vers 11 heures... Du coup mon mari revient, et ça me fait du bien.
Ce n'est en fait qu'à midi que je monte au bloc, avec une boule à l'estomac, et la peur au corps.
A 15 heures, un brancardier me descend dans ma chambres, je n'ai pas mal, mon mari est là. Je ne réalise pas vraiment, je suis dans les vaps. Un peu plus tard, je sors de mon état léthargique. Je suis sous perfusion, j'ai un redon, je ne souffre pas. Et je me dis tout de suite, que certes je n'ai plus de sein gauche, mais que du coup je n'ai plus de cancer non plus! C'est cette pensée qui va faire que je vais remonter la pente, j'en suis sûre.
Et puis, il y a le passage du chirurgien, il me dit que l'intervention s'est bien passée, qu'il n'a pas fait de curage axillaire, car le ganglion sentinelle n'était pas touché. Pour moi c'est un grand bonheur, si les ganglions sont sains, le cancer n'a pas pu se propager. C'est une excellente nouvelle. En plus, on me permet de me lever, je mets un joli pyjama, je me fais une petite beauté, et je tente d'avaler le repas post opératoire, mais là c'est pas génial!
La journée ne se finit donc pas si mal. La deuxième nuit à la clinique se passe bien, j'arrive à dormir, jusqu'à ce qu'on vienne prendre ma tension à 1h30....
Le lendemain, je demande quand je vais pouvoir sortir... Le chirurgien m'explique qu'il faut que le drain arrête de rendre... Peut-être dimanche, ou lundi... Je me fixe comme objectif de sortir dimanche. J'ai toujours mon mari près de moi, et j'ai la visite de ma fille aînée, de ma maman et de ma tante, de ma soeur, de mon beau-frère, de ma nièce... Je suis bien entourée, du coup je n'ai pas trop le temps de penser. Je me dis que j'ai passé la première étape du traitement. Je pense à mes enfants, en Corse. Je leur téléphone, je suis heureuse qu'ils soient en vacances, même si je m'ennuie de leur absence. Avec leurs grandes soeurs, les deux plus jeunes ont découvert le camping... Et ils adorent!
Le samedi mon redon ne donne presque plus! Je suis autorisée à quitter la clinique dimanche matin!
Mais avant de partir il faut enlever le redon, et refaire le pansement... Je ne regarde pas la plaie, je tourne délibérément la tête vers la fenêtre. L'infirmière me dit que tout est parfait. Je m'habille, on m'a donné une prothèse en mousse à glisser dans un soutien gorge sans armature. C'est vrai qu'habillée, on ne voit rien. Avant mon départ, j'ai la visite d'un chirurgien plasticien, qui vient me parler de la reconstruction. Ma décision est déjà prise, je me ferai reconstruire au plus vite! Il me dit que l'avantage, chez moi, c'est la taille de mes seins (petit 85 B), et il est très content de m'entendre parler de reconstruction car moins de la moitié des femmes opérées se font reconstruire. Je suis très étonnée, pour moi c'est primordial. Un jour je retrouverai mon corps, j'en suis persuadée.