Rentrée chez moi, j'ai des soins infirmiers, nettoyage de la plaie et pansement. Je ne veux rien voir, je ne me sens pas prête... Le pansement est un peu comme un bouclier, il me protège de la réalité.
Je n'ai pas mal, s'en est même bizarre, on m'a enlevé un sein et je ne sens rien...
Le rendez-vous avec le chirurgien approche, je vais avoir les résultats de l'analyse du sein... et il va enlever le pansement... Plus la date approche, et plus j'angoisse, comme à chaque nouvelle étape.
Le côté gauche de mon ex sein est gonflé, l'infirmière me dit que c'est de l'eau et que le chirurgien ponctionnera peut-être. Sinon pour elle, la cicatrice est très bien. 8 jours parès l'intervention, le pansement diminue, une compresse suffit. Je n'ai toujours pas regardé... J'ai décidé d'attendre mon rendez-vous.
Deux semaines après la mammectomie, c'est le jour J ( encore un! ) Mon mari m'accompagne comme d'habitude. Seule je serais incapable de m'y rendre, j'ai bien trop peur. Heureusement, mes copines du forum de www.cancerdusein.org me soutiennent! Sans elles et sans mes proches, je n'y arriverais pas...
Dans la salle d'attente, j'ai froid. Et puis tout va très vite: je me retrouve face au chirurgien, il me fait assoir. Il a tous les résultats. Il reprend ce qu'il a fait le 18 août: ablation du sein, analyse du ganglion sentinelle, ganglion sain, donc pas de curage. Opération sans problème. Puis il me dit: "Nous avons bien fait d'enlever le sein. Outre la tumeur de départ qui faisait 16 mm, nous avons trouvé quatre autres tumeurs très petites." Je suis presque soulagée, il ne m'a pas enlevé le sein pour rien!
Il parle du traitement à venir, probablement 6 séances de chimiothérapie suivies de 35 de radiothérapie... Encore un choc pour moi... Les ganglions n'étant pas atteints je pensais échapper à tout ça... C'est dur à encaisser, les larmes réapparaissent encore une fois. Il m'explique que tout ça est préventif, que je n'ai plus de cancer, mais qu'il faut être sûr qu'il ne reste pas la moindre cellule cancéreuse microscopique... En clair, je n'ai pas le choix.
Et nous arrivons au moment où il me demande de me déshabiller, et il y a bien un miroir face à moi.
Au départ je m'installe sur la table d'examen, il vérifie son travail et me dit que tout va bien. Il va juste ponctionner l'oedème. Il sort une très grosse seringue qui me fait un peu peur, mais je ne sens rien du tout... La zone est encore totalement insensible. Il m'explique que les terminaisons nerveuses qui ont été sectionnées vont mettre des mois à repousser. Il me demande si je veux voir, et je réponds "non". En fait je préfère découvrir mon nouveau corps dans ma salle de bains. Plus besoin de pansement, je me rhabille en tournant le dos au miroir et en regardant vers le plafond.
Il me parle de la reconstruction, me montre des photos, mais je suis un peu ailleurs...
Il me donne le nom de l'oncologue qui va me suivre. Il prend mon rendez-vous.
La troisième étape commence. Et dans ma tête elle va être très très difficile, je vais perdre mes cheveux et être malade.
En refermant la porte du cabinet médical, je fonds en larmes dans les bras de mon homme...
Je n'y arriverai jamais...
